Le son voyage moins vite que la lumière mais les grondements commencent à se faire entendre, surtout quand à Bruxelles les lumières semblent éteintes.
Un projet de l’Union Européenne voudrait que les distributeurs en ligne disposent désormais obligatoirement de magasins physiques pour poursuivre leurs activités en ligne. Et vice-versa, pour faire du commerce en ligne, la condition sine qua non serait de posséder une boutique en dur "brick-and-mortar" comme disent les anglo-saxons.
Non, vous ne rêvez pas, ces nouvelles règles remplaceraient la réglementation en vigueur jusqu'à fin mai 2010 et qui permet aux distributeurs en ligne d'échapper dans certains cas aux normes imposées par la Communauté Européenne en matière de concurrence.
Autant dire, et Tod Cohen VP d'eBay le dit assez bien, que "La réforme risque de restreindre la croissance du e-commerce en Europe sur les dix prochaines années alors qu'il n'en est encore qu'au stade de l'adolescence ». Un écho à Greg Greeley, Amazon Europe's retail vice president, qui lui même soulignait quelques semaines auparavant dans le Wall Street Journal qu'imposer des magasins en dur réduirait la concurrence et limiterait les choix proposés aux clients.
Deux réflexions :
- autant je ne partage pas toujours les points de vues de eBay en matière de positionnement et de stratégie e-commerce, autant là, j'appuie la prise de position
- à qui pourrait bien profiter un tel projet, qui par ailleurs est plutôt favorable au e-commerce ? Aux gros distributeurs en interdisant l'accès aux petits ? Sous le prétexte par ailleurs à prendre en compte que ne pas avoir de charge pour une boutique en dur favoriserait les pure-players ?
A ce compte là et dans cette direction dangereuse, pourquoi ne pas interdire la vente aux ressortissants étrangers dont un magasin physique ne posséderait pas une enseigne en dur dans leur pays ? Quelle incohérence !
Quand en période de crise le e-commerce permet à un nombre de plus en plus croissant de créer leur activité ? Brick-and-Mortar, des briques et du ciment ? Nous allons droit dans le mur !
* Pure-player ? Si vous avez une boutique en ligne et aucune boutique physique, si votre activité se passe uniquement sur le net, vous êtes, peut-être sans le savoir, un pure-player.
il me semble que ce serait un frein, mais un frein profitable, j'ai une boutique en dur et je reçois toute la journée des clients qui ont acheté sur le net, en France ou à l'étranger des articles qui ne "vont" pas, des vêtements trop grand ou trop petit, ou pas du tout adaptés à leur morphologie soit parceque le "vendeur" n'est pas du tout un pro, soit parcequ'ils mal lu les explications.
Dans tous les cas le vendeur a pris sa marge et le client est insatisfait, alors qu'avec un pro en ligne, le nb d'erreurs pourrait etre très limité.
Rédigé par : JLB | 05 mars 2010 à 08:39
Donc quand Facebook aura mis en place le micro-paiement, on aura des microboutiques pour acheter des micro-amis ? ;)
Rédigé par : Julienduprat | 05 mars 2010 à 10:22
Je suis en train de faire des recherches à ce sujet. Plus d'infos dès que j'ai des éléments!
Rédigé par : David | 05 mars 2010 à 10:27
Chouette ! Je passerai la semaine prochaine à Marseille dans votre boutique "en dur" prendre mon pack Oxatis e-commerce, enveloppé dans une belle et grosse boîte, remise en caisse dans un joli sac plastique :)
Rédigé par : Roland | 05 mars 2010 à 11:43
Dans certains milieux, certains fournisseurs l'éxige déja... Du coup pour avoir la marque certains e commerce aménage une partie de leur entrepot...Le résultat: Un entrepot perdu au fin fond d'une ZI,Un panneau au mur, une porte dérobée, des horaires d'ouvertures minimalistes,un simple comptoir avec produits exposés dessus.....
Rédigé par : Biggar | 05 mars 2010 à 22:48
Bonjour JLB. Certes, il a de mauvais vendeurs en ligne, tout comme de mauvais vendeurs en boutiques. Tout comme comme il ya d'excellentes boutiques en dur et d'excellentes boutiques en ligne. La problématique n'est pas ici de pointer qui serait mauvais ou bon vendeur online ou en dur, mais bien de se poser la question : est-ce justifié d'imposer à des boutiques en ligne d'avoir une boutique physique et est-ce nécessaire d'avoir une boutique en dur pour ouvrir une boutique en ligne. Pour notre part, Oxatis n'a ni besoin ni intérêt d'avoir une boutique en dur, par contre dans le cas de certains de nos clients c'est justifié voire judicieux, mais de là à ce que cela soit imposé par une réglementation européenne ...
Rédigé par : Marc | 05 mars 2010 à 22:48
@julienduprat et en 140 caractères ;)
Biggar, oui, démonstration par l'absurde de l'efficacité d'une telle obligation...
Merci, David.
Roland, si Bruxelles nous y contraint, nous tâcherons de les emballer dans des sacs en papier recyclé :)
Rédigé par : Marc | 05 mars 2010 à 22:51
Certains distributeurs exigent que les détaillants possèdent une boutique avant de les autoriser à faire du commerce en ligne. Ces fournisseurs pensent (peut-être) qu'il s'agit d'un gage de sérieux. Stratégie de qualité ou peur de l'Internet ?
Rédigé par : Christophe BENOIT | 06 mars 2010 à 07:44
Bien,
Pour connaître un peu le droit et connaître les articulations juridiques qui nous entourent nous autres entrepreneurs, je ne pense pas qu'un tel projet puisse être validé.
Conditionner la création d'une boutique en ligne par celle d'une boutique en dur suppose de limiter l'ouverture du E-commerce aux seuls commerçants existants ayant une boutique et des compétences.
De fait on écarte tous ceux qui veulent limiter leurs frais précisément en passant par le web et uniquement et directement par le web. C'est contraire à la liberté d'entreprendre et c'est rompre un principe d'égalité. En un mot c'est favoriser une forme de discrimination par l'argent.
De plus le e-commerce n'a rien d'illégal : ce qui pourrait l'être ce serait la pratique de prix inférieurs aux couts de revient (dumping), des ententes de prix, vendre des contrefaçons (ce que font beaucoup de boutiques d'ailleurs!), faire des soldes en dehors des périodes légales etc. Tous ces fondements menacent les patrons d'eboutiques qui ne respecteraient pas cela. Mais c'est une sanction individuelle seulement qui peut être déclenchée.
En terme de concurrence il faut admettre que le e-commerce créé des conditions de concurrence saines sur un marché oligopolistique. On n'est pas dans des situations de monopole. Au contraire l'Europe a besoin du e-commerce pour sortir de la crise. Ce sera l'un des facteurs salvateurs.
Créer un site E-commerce c'est créer une entreprise soumise aux mêmes règles que les entreprises physiques et notamment soumise au paiement on le rappelle de la TVA due, des impôts, des charges sociales, etc, en un mot : ce qui rapporte à l'état.
Maintenant quel intérêt l'Europe aurait-elle à condamner ces pratiques? Le e-commerce créé de l'emploi et contribue à réduire le chômage en Europe et donc est bon pour les statistiques.
Le E-commerce peut être une alternative à la problématique des retraites, c'est-à-dire qu'un retraité peut compléter sa retraite en vendant des produits ou services.
Ce peut être un moyen de compléter son salaire et de consommer plus, donc de payer plus de taxes.
Par contre si une telle directive est à l'étude, cela peut vouloir signifier qu'il y a des groupes qui font pression (grande distribution, etc). On sait que ces groupes sont puissants. Ils ont peur du petit e-commerce mais surtout du petit qui deviendra gros. Aujourd'hui les masters du e-commerce commencent à s'approvisionner à l'étranger (Chine, etc) et font comme les gros du commerce physique. C'est un autre format de vente. On vend la même chose moins cher parce qu'on a moins d'intermédiaires. C'est le principe de l'usine vers le consommateur directement et ça va briser leurs gros commerces. Mais depuis quand est-ce que la concurrence légale n'est pas autorisée?
C'est bien au contraire un très bon signe comme quoi l'e-commerce fait peur et a du potentiel. J'ajoute que Leclerc peut s'accrocher à son site qui clame que ses prix sont les moins chers du marché parce que j'en connais qui ne vont pas tarder à supprimer certains intermédiaires et à proposer les mêmes produits beaucoup moins chers mais à un prix légal.
Ce que je dis c'est que le E-commerce va prendre de l'ampleur, que cette directive ne passera pas et que si elle passait elle ne serait pas rétroactive.
Pas de problème rassurez vous et continuez de créer tranquillement et faites de l'argent avec cela et dépensez le en famille ;-)
Enfin j'ajouterais pour finir sur une belle note que les boutiques qui vont bien marcher demain (et plus il y aura de concurrence plus ce sera vrai), sont les boutiques qui feront pro, qui proposeront des services aux clients (SAV, hot line, remboursement si produits défectueux ou échange). Ce sont les boutiques qui auront un bon design et qui renouvelleront leurs produits fréquemment. Ce sont les boutiques qui auront un avantage concurrentiel marqué, qui se distingueront!
L'entrepreneuriat est en marche en France, les mentalités bougent petit à petit. Soyons patients et soyons les acteurs de cette métamorphose.
Emmanuel GENESTEIX
Fondateur d'un site E-commerce
Rédigé par : GENESTEIX | 07 mars 2010 à 16:49
Voici les fruits de ma recherche:
http://blog.toutallantvert.com/2010/03/08/general/e-commerce-des-boutiques-physiques-obligatoires-pour-les-boutiques-internet-pas-vraiment/
David
Rédigé par : David | 08 mars 2010 à 22:02
Merci Emmanuel pour cette analyse. Je vous invite, ainsi que les lecteurs de ces commentaires à lire celle de David, qui va également dans votre sens. Merci David.
Rédigé par : Marc | 08 mars 2010 à 23:27