On ne le dira jamais assez, et pourtant à l'heure d'Internet, on pourrait penser que chacun a su évoluer et recevoir avec sagesse quelques principes valables partout et pour tous : il faut vérifier l'exactitude de ses sources.
Certes, que ce soient les entreprises qui publient des chiffres, des évaluations ou même des objectifs, ou que ce soit le cybernaute lambda qui lui aussi a un avis et des chiffres à donner, on peut comprendre que ces deux catégories-là n'aient pas vraiment acquis le réflexe de ne pas publier parfois n'importe quoi ; mais les journalistes !
Je lisais en fin de semaine un excellent article d'Om Malik, qui s'insurge, à juste titre, de cette mode fatigante des mots-valises qui font des entreprises susceptibles d'intéresser les investisseurs des licornes, voire des cafards : "Cafards, licornes, startups. Y'en a marre !" L'article est en anglais mais ne demande pas un niveau colossal pour en comprendre la portée : comment certains n'en ont pas assez de raconter ridiculement n'importe quoi. Et je dois dire avoir particulièrement jubilé à la lecture de la fin, telle qu'Om conclut :
But none of them are a unicorn, donkey, horse, ox or a cockroach. These made up words represent a limited grasp on vocabulary of those who are seeking cheap attention. As an investor, what I don’t look for is startups that come with dumb labels, popularized byreporters who don’t know what the hell they are talking about and are looking for cheap slogans to put on their click bait bullshit headlines.
Ce qui en gros revient à dire en français :
Mais aucunes d'elles n'est une licorne, un âne, un cheval, un bœuf ou un cafard. Ces mots-valises marquent bien les limites de vocabulaire de ceux qui cherchent un peu d'attention à bon compte. En tant qu'investisseur, ce que je ne recherche absolument pas concernant les startups, ce sont bien ces descriptions vides de sens, popularisées par des journalistes qui ne savent pas de quoi ils parlent et cherchent des slogans bon marché à mettre dans les titres racoleurs de leurs articles plein de conneries.
Pas mieux !
Et je viens à l'instant d'en faire encore l'expérience en ayant cliqué sur l'article racoleur "Panorama de 200 acteurs français du SaaS qui comptent." Mais comment me fais-je encore avoir en cliquant là-dessus ? Sans doute parce qu'au fond j'ai la modestie de mes connaissances. Immergé dans le SaaS, j'espère encore apprendre, et j'ai encore plein à apprendre ! Alors quand le journaliste, dont c'est le métier de connaître son sujet, s'abrite derrière une étude de Point Nine Capital, dont c'est le métier de ratisser un secteur, et Techcrunch, dont c'est aussi le métier de connaître son sujet on peut s'attendre à ce que le "référentiel de 200 sociétés françaises réparties dans 17 catégories" tienne la route.
Je vous laisse juge du Bullshit, comme dirait Om, publié comme une photographie du Saas français. Ceux qui devraient être sur la photo et n'y sont pas, je ne parle évidement pas que d'Oxatis - qui reste, n'en déplaise à ceux qui l'oublient la 1ère des solutions e-commerce Saas en Europe (choisie comme solution E-commerce exclusive par Sage, teamsystem et Credit agricole... qui représentent pas moins de 3 millions d'entreprises en Europe), mais d'entreprises comme Tiller ou SmartFocus et j'en passe et des meilleurs ; et ceux qui y sont et n'ont rien à y faire. Là, par charité et bonne éducation, je ne donnerai pas de noms, ils se reconnaîtront :-)
Si je peux comprendre que TechCrunch l'Américain, encore que Clément Vouillon soit Français si je ne m'abuse, mais admettons, et Point Nine Capital l'Allemand, ne soit pas très au fait de notre marché, bien que justement cela ait été le but de faire la lumière sur le marché du Saas en France, comment le Journal du Net peut-il reprendre et cautionner des info aussi approximatives, alors qu'une simple lecture en diagonale par quelqu'un connaissant a minima le sujet les disqualifie au premier coup d'oeil ?
La passion du clicbait ?
Je lis que le journaliste qui signe cet article est dans "le civil (sic) passionné d'astronomie", je serais ravi de l'écouter me parler de l'espace, mais en ce qui concerne le Saas, qu'il m'appelle quand il a besoin de "fact checker" une source !
Ce serait dommage qu'on en arrive à juger de la fiabilité d'une info par le nombre inversement proportionel d'articles de tel ou tel media vendu au clickbait qu'il a fallu lire pour l'apprendre.
A méditer ...
Commentaires