Je lisais il y a quelques jours qu'une étude américaine a étudié les parcours professionnels et les comportements de 17.000 cadres et 2.000 patrons pendant 10 ans pour définir les caractéristiques du manager idéal. S'appuyer sur des résultats plus ou moins scientifiques, c'est bien pour valider des orientations empiriques... sous réserve de partir de bonnes hypothèses.
Historique de carrière, parcours, grandes étapes, choix et comportements... tout est consigné pour être confronté aux performances dans l'entreprise.
En général, selon l'article, à l'origine dans le Washington Post, repris par le Figaro, et dans l'imaginaire collectif, ce manager idéal est un être plein de confiance en lui, plutôt extraverti, doté d'un sourire aussi ultra-bright que ses chemises sont immaculées, d'un charisme naturel qui fait l'unanimité et d'au moins un diplôme. Tout cela conjugué lui permettrait d'intégrer rapidement le haut de l'organigramme de l'entreprise.
Pourtant, l'étude publiée dans le Harvard Business Review révèle des informations contradictoires sur ce profil du parfait manager... Elle explique en effet que la moitié des patrons qui ont été les plus performants ont des personnalités plutôt introverties, et que la plupart du temps, ils n'ont pas cette trajectoire de carrière parfaite qu'on leur attribuerait d'office.
Les apparences et les idées reçues, mais ce n'est pas nouveau, sont donc encore une fois trompeuses.
«Lorsqu'on regarde les informations sur le web ou simplement ce qui est publié sur les réseaux sociaux, nous sommes sans cesse confronté à des images d'icônes à l'aspect soigné, aux apparences impeccables, qui sortent des plus grandes universités américaines et dont les entreprises sont les plus puissantes au monde.
En réalité, on découvre que ces personnalités au top de leur carrière viennent de milieux divers. Seuls 7% des 6 millions de dirigeants d'entreprise aux États-Unis viennent d'une grande école, et 8% n'ont jamais obtenu leur diplôme universitaire. Certains sont des immigrés, et beaucoup ont commencé en bas de l'échelle et se sont construits au fur et à mesure»
explique un auteur de l'étude au Washington Post.
Voilà qui me ravit : les introvertis font d'excellents patrons et ils n'ont pas forcément de diplôme prestigieux, voire pas de diplôme du tout !
Au-delà de ce manichéen intro/extraverti, l'étude isole quatre traits de caractère majeurs du boss idéal :
- L'aptitude à nouer des liens avec les acteurs d'une prise de décision ou d'un projet,
- Être en mesure de s'adapter parfaitement au changement et savoir réagir,
- Ëtre fiable et constant dans la réussite plutôt qu'à l'origine de succès circonstanciels,
- Décider rapidement
Je dois dire avec le recul que lorsque j'ai dû recruter des "managers idéaux" pour Oxatis ou mes entreprises précédentes, pendant longtemps, j'ai comme beaucoup parfois succombé au mythe de l'extraverti(e) souvent "fort en gueule", pas forcément sur-diplômé, mais qui remue beaucoup de vent. Pratiquant moi-même la voile, je sais combien il est parfois utile, le vent :)
C'est certain, ils sont plus convaincants, meilleurs dans le "paraître", mais à l'usage, parfois écrasant dans "l'être", cela ne leur permet pas de réussir une carrière au long cours.
Pour ce qui me concerne, les cinq critères qui me paraissent important, en vrac sans ordre hiérarchique :
- Ceux qui font ! J'aime les doers !
- Ceux qui savent faire-savoir ce que font leurs équipes. j'aime la mise en valeur des collaborateurs.
- Ceux qui mènent - donc à mon sens c’est un peu compliqué de le faire sans charisme …
- Ceux dont la joie de vivre est contagieuse - quand ça ne le complète pas, ça palie très avantageusement un déficit en charisme.
- Ceux qui comprennent très vite et peuvent m’apporter ce que je ne connais pas ou m'ouvrir de nouvelles perspectives.
Reste à savoir si en tant que soi-même manager, on cherche et choisit inconsciemment des managers-miroir, ou à l'opposé de soi ...
A méditer ...
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